ENTRETIEN AVEC LA RÉALISATRICE ANNE-SOPHIE BAILLY
Votre film est avant tout l’histoire d’une émancipation double, il traite davantage de la relation mère/fils que du seul handicap…
Le handicap crée une loupe pour parler de la complexité des relations parents/enfants. La vulnérabilité d’un enfant en situation de handicap radicalise les craintes de son ou ses parents, elle rend le détachement plus difficile à opérer, elle crée du ressentiment, de la culpabilité des deux côtés, des ressorts de fiction puissants, qui existent à plus ou moins grande échelle dans toutes les relations familiales. Un personnage en situation de handicap n’implique pas que le sujet soit nécessairement le handicap ; et c’est donner une vraie place, artistiquement, à des protagonistes « différents » que de les mettre au cœur d’histoires qui les mettent en mouvement au-delà de la maladie, d’un ralentissement ou d’un empêchement.
Vous vous êtes beaucoup documentée avant d’écrire ?
Oui, beaucoup, j’avais besoin de m’appuyer sur des choses vraies, des gens réels. J’ai passé du temps à l’ESAT (établissement social d’aide par le travail) de Ménilmontant pendant que j’écrivais. La réalité est tellement plus forte que tout ce qu’on peut imaginer...
Pourquoi aviez-vous envie de filmer de tels personnages ?
Parce que ce sont des visages qu’on voit et filme peu, des corps qu’on montre très peu - même si quelques exemples récents et plus anciens ont fait ou vont faire date, on ne peut pas dire qu’on dispose encore d’une représentation diverse et nuancée ! Les handicaps de mes personnages sont peu visibles, ce qui rajoute à leur mystère : c’est par un trouble de l’élocution, une démarche, un regard qu’on le devine. C’était pour moi un plaisir incroyable de les filmer. C’est une matière cinématographique inédite et magnifique : là où il y a de l’invisible, il y a du cinéma.
Quand ces jeunes en situation de handicap sont parents, comment vivent-ils ? Sont-ils nombreux ?
En travaillant sur le sujet, j’ai appris qu’il y a environ 10 % (entre 6 et 13% en fonction de la définition sur laquelle on s’appuie) de personnes handicapées dans la population française, ce qui est énorme. Parmi ceux qui évoluent en institutions, qui ont un besoin d’accompagnement conséquent, ceux qui fondent une famille sont comme des oiseaux sur la branche. En général, ils vivent juste en face des parents, dans un appartement qu’ils louent comme n’importe qui. De toute façon, les foyers n’accueillent pas de famille. Il commence à y avoir des appartements de transition où ils peuvent s’installer avec des éducateurs à proximité, mais la question de la famille n’est pas pensée parce qu’on est sur un tabou eugéniste. Or ce sont des questions qu’il faut se poser. Et se pose aussi la question des droits de l’enfant à venir. C’est ce que le film interroge : qui a le droit sur qui, et qu’est-ce qu’on transmet - génétiquement, mais pas que.
Vous avez pensé à Laure Calamy tout de suite ?
Pas en écrivant, mais très tôt. C’est une comédienne que j’ai beaucoup vue au théâtre et c’est aussi une grande tragédienne. Elle a une puissance émotionnelle intense, une capacité à se mettre dans des crises comme Gena Rowland pouvait le faire chez Cassavetes. Laure est capable d’aller très loin dans un sens comme dans l’autre. Elle a apporté de la vitalité à Mona. Avec elle, j’étais sûre de ne pas tomber dans le misérabilisme. Elle était un garde-fou ! Il fallait aussi qu’on comprenne cette mère, surtout quand elle laisse tomber, quand elle décide de penser à elle...
Océane et Joël sont joués par de jeunes acteurs, Charles Peccia Galletto et Julie Froger, eux-mêmes en situation de handicap… Comment s’est fait le casting ? Est-ce que Charles et Julie ont eu du plaisir à être filmés ?
Pour trouver Océane et Joël, j’ai vu beaucoup de monde, à la fois des comédiens professionnels en situation de handicap et des travailleurs en ESAT, via plusieurs ateliers d’improvisation menés dans les institutions. C’était souvent très joyeux, ça a même donné des idées à certains éducateurs. On a vu des centaines de personnes, et la recherche a duré plusieurs mois ; je voulais revoir les gens, travailler sur leurs natures, puis aller vers des situations, et parfois du texte. Ensuite, j’ai travaillé par paires. On a d’abord dessiné le couple mère/fils puis le couple Joël/Océane.
Charles est acteur. Il a joué, et il aime profondément jouer, avec sa façon de parler et de voir le monde qui lui est propre, mais il participe à la fiction, de façon très active.
Julie n’est pas actrice mais elle a aimé cette expérience, elle était très surprenante pendant le tournage, elle possède une puissance alliée à sa vulnérabilité qui la rend impressionnante. Et elle a un rapport politique au film : cette possibilité d'être en couple, d'être autonome, c’est quelque chose qu’elle défend pour elle. Questionner cela avec elle était donc une grande chance.
Depuis plus de 35 ans, l’Agefiph propose des solutions aux entreprises privées, aux personnes en situation de handicap, aux acteurs de l’emploi, de la formation et de la santé au travail pour construire un monde du travail toujours plus inclusif et permettre aux personnes en situation de handicap de se réaliser professionnellement. Une finalité à l'horizon 2027 : le plein emploi des personnes handicapées.
Le Comité Interministériel du Handicap (CIH) a été créé par décret du 6 novembre 2009. Il est « chargé de définir, coordonner et évaluer les politiques conduites par l’Etat en direction des personnes handicapées ». Sous la présidence du Premier ministre, le CIH réunit annuellement l’ensemble des membres du Gouvernement.
Tous les deux ans, le Festival Imago présente son lot de découvertes et d’inventivités où le handicap se saisit de la création contemporaine. Plus d’une cinquantaine de lieux ont choisi de rejoindre un réseau de partenaires engagés qui partagent les valeurs du Festival Imago : artistes et publics, en situation de handicap, ont toute leur place dans l’espace culturel et artistique. Le Festival Imago offre à tous les publics une programmation plurielle (théâtre, danse, exposition, concert, cinéma) qui bouge assurément les esthétiques et interroge nos perceptions.
Handicap.fr édite au travers du site un média indépendant qui a pour vocation d’informer toutes les personnes concernées par le handicap et la perte d’autonomie. Plusieurs valeurs nourrissent l'équipe rédactionnelle : Informer toutes les personnes concernées par le handicap, contribuer à la pleine reconnaissance des personnes handicapées en tant que citoyen, participer à la reconnaissance de l'autre, de sa dignité et de ses différences, aider pour une meilleure autonomie
Issue du monde associatif et / ou de l'entreprise, l'équipe d'Handicap.fr capitalise plus de 25 années d'expérience dans le domaine du handicap. Handicap.fr est, dès son origine, une entreprise regroupant des acteurs sensibles à la question du handicap.
Hosmoz est la nouvelle marque issue de la fusion du Réseau Gesat et de Handeco. Tête de réseau économique nationale des 2400 ESAT et Entreprises Adaptées, Hosmoz vise à soutenir l’insertion professionnelle des 170 000 personnes en situation de handicap qui y montent en compétences au quotidien dans plus de 200 filières métiers.
Nexem
Nexem est la principale organisation professionnelle représentant les employeurs du secteur social, médico-social et sanitaire privé à but non lucratif.
Aujourd’hui l’ASEI est un acteur de l’économie sociale et solidaire, dont la mission est plus que jamais centrée sur l’accompagnement de la personne en situation de handicap, dans la construction de son projet de vie, et ce, à tous les âges de la vie.
Le Spch est le premier syndicat des professionnels du cinéma en situation de handicap (handicap visible ou invisible) a été créé en mai 2019. Il rassemble des professionnels du cinéma ou de la télévision, cinéastes, auteurs, techniciens ou comédiens… Le Syndicat se fixe plusieurs objectifs : ouvrir le monde du 7eme Art aux personnes en situation de handicap, soutenir les projets de films ou téléfilms, favoriser de manière générale l’emploi des personnes en situation de handicap, assurer de bonnes conditions de travail, réformer le régime des intermittents du spectacle.
La Compagnie des Aidants œuvre pour informer les aidants et fédérer les acteurs œuvrant pour les aidants, faire reconnaître le rôle essentiel des aidants auprès des institutions et acteurs du domaine et offrir aux aidants des solutions concrètes leur permettant de mieux vivre leur rôle d’aidant.
Intimagir est un centre ressource qui a pour objectif de promouvoir l'autodétermination des personnes concernées et le développement de leur vie affective et sexuelle, soutenir les parents dans une perspective d'autonomie et de qualité de vie ainsi que les aidants sur les questions d'intimité, d'éducation sexuelle et de prévention mais également de sensibiliser et informer les professionnels des différents secteurs sur l'ensemble de ces sujets